Atelier YONADANCE
“YOGA DANSE” : yoga du son et Expression corporelle libre sur le thème de la Nature, inspirée du concept Butô, accompagnée par des musiques adaptées. Grâce à la pratique du yoga du son, développer l’imaginaire, accéder à plus de créativité et de conscience. Par la Danse exprimer le ressenti, les émotions avec respect du rythme de chacun...Explorer ancrage, maintien, équilibre, la marche. Mettre de la lumière dans notre part d’ombre.
>Atelier et stage
YOGA DU SON
Mise en vibration de la voix par des sons particuliers, ou syllabes ou suite de sons (mantra), pour mettre en résonance le chakra correspondant et révéler l'imaginaire et l'intuition.
Atelier et stages
DÉROULEMENT :
. Echauffement gymnique
basé sur souplesse, repères et équilibres, le souffle, le lien entre respiration et mouvement ...
la marche...rapport au sol, les appuis, le regard, l'écoute de soi ...partage de l'espace.
La pratique
Pratique vocale méditative valorisant le lâcher prise et la libération de la créativité.
Chanter une voyelle "A" "O" "U"... mise en vibration sonore d'un son correspondant au thème abordé... avec une gestuelle appropriée pour ouvrir l'espace intérieur et développer l'amplitude du mouvement...
Expression corporelle Improvisation sur les thèmes de la Nature (les éléments, végétaux...) avec Musique appropriées : supports musicaux sollicitant l'inspiration du thème.
Se tenir debout... sentir sa verticalité, le poids de son corps, la pesanteur de la terre, la boue qui enveloppe nos pieds, en souplesse jambes pliées...
Découvrir des sensations et des perceptions de son corps, selon son propre rythme et "ouvrir l'espace au mieux Être, à la créativité et à la libération de notre propre imaginaire".
Origines
Butô . Dancer in the Dark . interviews
Plus qu'une danse codifiée, le butô est un concept, une façon de percevoir le monde. Le corps lui-même est une œuvre d'art. Les attitudes, les traits se tordent mais ne jouent pas. Ils expriment des sentiments, des sensations que l'artiste vit sur scène. Impossible de rester indifférent. Qu'il soit irrité par l'étrangeté ou fasciné par le geste, le spectateur est saisi.
La scène est nue, les corps sont blancs. Les danseurs évoluent dans une presque obscurité avec une lenteur aérienne. Leurs muscles de marbre se crispent dans des douleurs muettes. Le butô est proche de la performance artistique, révolutionnaire, transgressive. Né au Japon dans les années 1960, il est l'art de la détresse d'un Japon brisé par la Seconde Guerre mondiale et le feu nucléaire.
HIJITAKA Tatsumi (1928-1986), son fondateur, monte en 1959 la pièce Kinjiki, inspiré du roman homonyme de MISHIMA Yukio (1925-1970). Il collabore avec OHNO Kazuo (1906-2010), son co-fondateur historique qui se produira sur scène jusqu'aux dernières années de sa vie. Le spectacle fait immédiatement scandale. Et pour cause, la relation charnelle de l'acteur OHNO Yoshito (fils de Kazuo) avec un gallinacé ne remporte pas tous les suffrages de l'assistance. Cette odeur de souffre ne quittera plus le butô, à la grande satisfaction de ses pères.
Au cœur des ténèbres
Communiquer avec les esprits invisibles, faire appel aux forces de l'au-delà. Telle est leur ambition. Il s'agit de réveiller les forces cachées, tapies dans les profondeurs de la nuit, dans les profondeurs de l'âme humaine. Cette inclusion de l'Homme dans la Nature révèle la forte influence du shintoïsme. Le crâne rasé des danseurs, leur peau couverte de poudre blanche, leurs mouvements lymphatiques les placent à la frontière du minéral, du végétal et de l'animal.
Le butô rejette les formes du théâtre japonais traditionnel, que ce soit le nô ou le kabuki. C'est la quête d'une identité perdue. En 1945, HIJIKATA a 22 ans. La défaite et l'occupation du Japon plongent le pays dans une année zéro. Le danseur et chorégraphe IKKO Tamura, membre de la compagnie Dairakudakan créée par AKAJI Maro explique :
« Je trouve que cette part de l'histoire a vraiment contribué à la naissance de cette forme d'expression. Elle symbolise la défaite de notre pays et a remis en question la notion du « Grand Japon ». Ce fut un changement violent. Le Japon a alors été confronté à un désastre monstrueux et fut obligé de changer de façon radicale ses valeurs. On s'est demandé ce qu'était le Japon finalement. »
La Première Guerre mondiale et sa folie sanglante jetèrent à bas la confiance dans le Progrès humain et donna naissance au dadaïsme et au surréalisme. La Seconde Guerre mondiale et la plaie béante qu'elle laissa dans la foi en l'Homme génèrent une nouvelle fascination pour l'absurde chez les artistes du monde entier. La rationalité poussée jusqu'au vice ayant conduit à une inhumanité sans précédent, seul un retournement total des valeurs, une abolition des principes traditionnels pouvait encore permettre de revenir à l'Humain.
La scène japonaise d'après-guerre rappelle les univers d'Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett et partage avec eux la radicalité dans l'absurde. Il remet en question la conception classique de la relation de l'Homme à son environnement.
Quelque chose de local
Expression d'une angoisse existentielle, le butô cherche son salut dans un retour à l'union primitive de l'homme et de la Nature. Puisque le progrès scientifique et technique a conduit à la barbarie des bombardements nucléaires d'Hiroshima (6 août 1945) et de Nagasaki (9 août 1945), le retour à la terre en sera l'exutoire.
Le corps du danseur se fait prolongement de la terre. Après tout, le terme butô signifie « danse qui frappe le sol ». Ainsi HIJIKATA développa la technique du ganimata, littéralement « jambes courbées ». Il s'agit de danser en sentant le poids de la boue qui enveloppe ses pieds, la pesanteur de la terre collée contre son corps.
« Les danseurs de butô cherchaient à savoir comment se tenir debout en tant que Japonais. HIJIKATA a grandi à Akita, une région de riziculture importante. Il s'est basé sur la sensation d'avoir deux jambes plantées dans la boue d'une rizière. Chaque personne a son propre vécu lié à l'endroit où elle a grandi. Quelque chose de local. On tentait donc de transformer ces particularités très locales en quelque chose d'universel. »
Il existe autant de butô que de sensibilités, chaque danseur nourrit son art de sa propre expérience. Tout mouvement de la vie quotidienne peut devenir une forme de beauté, selon le regard et la conscience qui le perçoit. Le butô peut exister dans la façon de se tenir d’une vieille dame comme dans la gestuelle d’un cuisinier qui retourne ses brochettes de yakitori.
Nul n'est prophète...
Les compagnies de butô sont moins connues au Japon qu'à l'étranger. AMAGATSU Ushio et IKEDA Carlotta sont parmi les danseurs les plus célèbres en Occident. AMAGATSU est le fondateur de la compagnie Sankai Juku qui participa au festival d'Avignon en 1981 avec la création Bakki ainsi qu'à la Biennale de danse de Lyon en 2012 avec le spectacle Umusuna.
Depuis quelques années cependant, le butô gagne en popularité dans son pays natal. L'université Keio à Tokyo dispose d'un fond documentaire riche en enregistrements des performances scéniques d'HIJIKATA. De même OHNO Yoshito continue à enseigner sa passion à des élèves venus du monde entier dans le studio de son père à Kamihoshikawa, près de la ville de Yokohama. L'occasion unique d'un voyage au bout du butô.
IKKO Tamura, Maison de la culture du Japon à Paris, interview, 19 août 2011.
Le Butô
[de Bu: la danse et To: frapper ou fouler le sol] Le mouvement appelé Butô (ou Ankoku Butoh), mouvement d’adaptation nécessaire à la survie dans le cadre de situations extrêmes, est né au Japon à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans le contexte des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Souvent portée dans un esprit de révolte et un désir de renouveau liés à une prise de conscience, la Danse Butô est issue de ces corps meurtris dans leur âme et dans leur chair. Ainsi, Kazuo Ohno (1906-2010) s’est autorisé à être en mouvement d’une façon que peu de personnes expriment. Mais cette danse, qui est l’essence du mouvement de vie, est présente depuis toujours chez l’homme et en tous lieux : elle est atemporelle et universelle.
Il demeure un à priori récurant selon lequel le Butô, parfois appelé la « Danse des Ténèbres », n’en réfère qu’à la souffrance. Il n’est pas question de feindre la douleur, ni même de s’amuser à cela car elle est inhérente à la vie. Le butô d’origine est issu d’une vraie douleur exprimée mais pas recherchée. Il ne s’agit pas d’un style mais d’un état d’esprit. Dans sa danse, Tatsumi Hijikata (1928-1986) a sûrement montré beaucoup de souffrance et de colère. Kazuo Ohno a lui davantage poétisé sa souffrance. Le danseur butô ne cherche pas à générer des états émotionnels particuliers, il les transcende. Il nait alors une relation de respect et d’écoute entre le danseur et le public.
Le Butô, empruntant une démarche authentique détachée des clichés, fait avant tout écho au vécu et aux ressources de chacun. Le parcours de vie nous fait bien souvent prendre conscience, et plus ou moins vite, de la nécessité de retrouver le sens du réel, le rapport authentique à soi-même, à son corps, à ceux qui nous entourent et au monde. Le Butô s’ancre dans la vie. Le Butô est le mouvement de la vie, la danse de la vie.
Lorsque un talent ne peut s’exprimer ou n’ose pas se révéler, il est souvent légitimé par l’extérieur, par une façade, un personnage, une étiquette. Dans le Butô, il s’agit d’inverser le processus : révéler son talent de l’intérieur. Le Butô fait alors éclore ce qui est enfoui en nous : le bon sens, la maturité, “el duende”, la particularité et l’universalité de chacun. Dans ce sens, le Butô peut être désigné comme une « danse de l’ombre », c’est-à-dire une danse de ce qui ne se voit pas.
Il ne s’agit pas d’imiter des mouvements, mais d’abandonner les gestes appris, issus des codes et repères sociaux, pour trouver son mouvement naturel, essentiel, d’adaptation et volontaire, dénué de tout artifice. D’un point de vue butô, chaque mouvement est important et se mesure à sa juste valeur.
Le Butô appartient à tous et sommeille en chacun. Il fait éclore ce qui est enfoui en nous : le bon sens, la maturité, "el duende" (la grâce), la particularité et l’universalité de chacun. Le Butô développe la force, la souplesse et l’équilibre tout en procurant un bien-être et l’apaisement des émotions; qualités liées au travail sur l’intériorité et à la recherche des fondements essentiels du geste vrai.
Lorsque nous avons un talent, que nous ne pouvons ou n’osons pas révéler; nous avons tendance à le légitimer par l’extérieur : par un diplôme, un titre, une fonction, une réputation… Il s’agit d’inverser le processus, dans le Butô : révéler son talent tranquillement, de l’intérieur. Les gestes pratiqués invitent les participants à dépasser les idées reçues et les réflexes sociaux qui les isolent de leur vraie nature et contrarient le mouvement naturel. Ils amènent à une recherche sur le mouvement et permettent d’en retrouver le sens et, par là même, le sens de l’être au monde.
« Essayer de trouver l’enfant qui est en nous. Beaucoup de choses viennent de l’extérieur, c’est mieux d’essayer d’être vide et à partir de là, de retrouver quelque chose d’intérieur ; le sentiment de la nostalgie est la racine du Butô. » (traduit du japonais) Kazuo Ohno.
Caterina Pasqualino-Régis, chargée de recherche au CNRS, dit du flamenco ce que nous pourrions dire du Butô : « … le flamenco, cette esthétique qui permet à tout un peuple de transcender le sort pour fonder une culture extrêmement singulière et parfaitement universelle, matrice de valeurs liées au mystère de la procréation et au culte des morts… » (Extrait tiré du livre Dire le chant, Gitans flamencos d’Andalousie, Paris, CNRS MSH, 1988).
Le Butô favorise le renforcement intérieur de la personne qui prend conscience de ses ressources et de ses possibilités d’action sur le monde extérieur. Ainsi, elle interagit pleinement avec son environnement sans être happée par celui-ci et se renforce extérieurement alors.
Dans le Butô, le maître mot est patience. De la patience, mais pas de l’inertie. S’il y a des moments de difficulté dans cette danse, ils sont dus à l’impatience, c’est-à-dire que par moments, la précipitation fait perdre le fil de l’intention. Dans la vie, la rencontre d’une difficulté, voire d’une épreuve, se manifeste par l’immobilité liée à l’appréhension d’une situation inédite. Le mouvement est arrêté. Il en va de même pour tout moment fort, comportant un enjeu important. La flèche de Cupidon qui nous touche lors du coup de foudre est édifiante à ce sujet. Ce sont des moments qui nous ramènent à nous, loin des codes, et qui s’abordent avec patience et lucidité, deux qualités cultivées par le butô.